MÉMOIRE : Contribuer ensemble à une francophonie canadienne vibrante et diversifiée

La perspective jeunesse sur le rapprochement des francophonies canadiennes

Ottawa, le 7 juin 2021

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À propos de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)
La Fédération de la jeunesse canadienne-française est un organisme national fondé en 1974, géré par et pour les jeunes, composée de onze membres associatifs jeunesse de neuf provinces et deux territoires. Elle contribue au développement socioculturel et identitaire des jeunes Canadien.ne.s d’expression française âgé.e.s entre 14 et 25 ans par le biais d’activités, d’évènements pancanadiens et de programmes d’emploi jeunesse. Membre de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA), la FJCF travaille de près avec ses homologues
de la francophonie canadienne pour faire valoir les besoins des communautés de langue officielle en situation minoritaire, mais plus particulièrement des jeunes d’expression française d’un bout à l’autre du pays, en ce qui a trait aux relations et au rapprochement avec le Québec.


Sommaire

Nous souhaitons d’abord saluer l’initiative du gouvernement du Québec, par l’entremise du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC), et de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) pour cet événement d’accueil et d’inclusion qu’est le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes. Cet événement laisse présager une ouverture et une volonté d’innovation pour développer les liens qui unissent les jeunes et moins jeunes d’expression française de partout au Canada, ainsi que les organismes qui les soutiennent et les appuient, avec les nombreuses instances du Québec.

En février 2020, la FJCF, en partenariat avec le Centre de la francophonie des Amériques, avec le soutien des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ) et du Secrétariat québécois aux Relations canadiennes (SQRC), a organisé une réflexion entre des jeunes âgé.e.s de 17 à 30 ans, portant sur le rapprochement entre francophones du Québec et des provinces et territoires du Canada. Cette rencontre a permis aux jeunes présent.e.s de s’ouvrir les un.e.s aux autres, de partager leur réalité, de découvrir ce qui les unis, mais surtout d’imaginer un futur où des échanges de ce genre, et la collaboration entre francophonies, sont monnaie courante.

L’objectif de la journée de réflexion jeunesse étant de donner une voix aux jeunes d’expression française de partout au Canada dans leur volonté de rapprochement entre leurs communautés francophones respective, ce mémoire présente les grandes lignes des souhaits formulés par les jeunes membres de la FJCF quant aux attentes pour l’élaboration de nouvelles ententes et politiques pouvant être imaginées suite au Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes.

Lors de la journée réflexion jeunesse, les jeunes avaient alors évoqué quatre étapes essentielles afin de faciliter le rapprochement entre les jeunes francophones au niveau pancanadien et pour contribuer à la vitalité de la francophonie :

  1. Faire rayonner la culture francophone et le divertissement en français

  2. Faire avancer l’économie en français

  3. L’apprentissage et la création de nouveaux savoirs en français

  4. Grandir, vivre, communiquer, s’informer et s’épanouir en français

Pour les jeunes d’expression française vivant en situation minoritaire, toutes ces étapes sont importantes et nécessaires pour assurer que de nouvelles relations soient établies et de nouveaux liens tissés avec le Québec. Que ces étapes soient un outil pour écrire le prochain chapitre des relations jeunesse entre le Québec et les autres provinces/territoires du Canada.

1.       Faire rayonner la culture francophone et le divertissement en français

Afin de développer un sentiment d’appartenance à la francophonie canadienne parmi les jeunes d’expression française, du Québec et du reste du Canada, ces derniers s’entendent que la culture est une des clefs importantes pour atteindre ce but. La culture franco-canadienne, que ce soit la musique, la littérature, les arts visuels et les nombreux artistes de disciplines variées, devrait obtenir plus de visibilité et devrait être valorisée auprès des jeunes Québécois.e.s afin de leur permettre de découvrir et d’apprécier de nouveaux talents. L’accès aux contenus créés en français doit être facilité et encouragé partout au Canada.

Le Canada est composé de multiples cultures qui sont toutes à découvrir. Nous devons collectivement prendre conscience que plusieurs canadien.ne.s ont de multiples identités culturelles, l’intersectionnalité des jeunes d’expression française, et que l’on ne doit pas s’arrêter aux étiquettes des origines, mais s’attarder à la langue française que nous partageons. La langue française unit de multiples cultures canadiennes et nos accents ne doivent pas nous diviser, bien au contraire. La diversité des accents de la langue française doit bénéficier d’une plus grande visibilité au Québec, tout comme au Canada, pour redonner une voix et une légitimité aux nombreuses variations de la langue. La diversité culturelle est la fibre du Canada et notre culture francophone notre point de rassemblement. Nous avons l’obligation de la faire rayonner au niveau pancanadien. Nous devons miser sur la réciprocité. Les jeunes francophones hors Québec doivent tou.te.s s’intéresser et s’ouvrir à la culture québécoise et les jeunes québécois.e.s s’ouvrir aux cultures francophones au niveau pancanadien puisque le français est plus qu’un dialecte, il est une identité en soi et la préservation de cette dernière passe assurément par la culture, sous toutes ses formes.

« L’accent est comme une épice parmi mille autres… Il faut s’ouvrir aux autres et oublier les accents! »

  Dj Unpier, lors du panel pré-Sommet « Ma langue, ma culture! Rencontre avec de jeunes leaders »

Il est souhaité que de nouvelles ententes puissent être crées afin de faciliter le partage de créations de nos artistes d’expression française, des quatre coins du pays, permettant ainsi de développer et renforcer davantage la francophonie canadienne auprès des jeunes, particulièrement des jeunes québécois.e.s. Le diffuseur public, Radio-Canads/CBC, mais aussi les stations de radio et de télévision au Québec doivent privilégier une plus grande présence de contenu francophone provenant de partout au Canada. La culture francophone canadienne ne doit pas se résumer à la culture québécoise, elle se doit d’être plus inclusive et plus ouverte sur la culture franco-canadienne, pour viser à sa préservation complète.  L’on doit la lire, la vivre, la parler, l’écouter, l’admirer dans toutes ses formes, mais surtout dans tous ses accents.

2.       Faire avancer l’économie en français

Afin de palier à certaines pénuries d’emploi, mais aussi pour créer des occasions d’apprentissage et d’ouverture sur la francophonie canadienne, des opportunités de travail et de stages entre les provinces/territoires, doivent être créées afin d’attirer la jeunesse à se déplacer au niveau pancanadien pour vivre des expériences de travail enrichissantes et découvrir les nombreuses communautés francophones au Canada.

La FJCF se réjouit que des discussions avec les Offices jeunesse internationaux du Québec (Lojiq) puissent se conclure avec la signature d’un protocole d’entente qui permettrait aux jeunes Québécois.e.s de faire des stages de développement personnel et professionnel en sol canadien. Cette nouvelle entente devrait être signée le 15 juin 2021. Le souhait exprimé par les jeunes d’expression française en contexte minoritaire est qu’ils et elles puissent ultimement également bénéficier de programmes d’accès à des stages professionnels et personnels sur le territoire du Québec. Cette entente permettrait de garder nos jeunes talents francophones en sol canadien et éviter leur exode dans un pays étranger. La possibilité pour les jeunes de profiter des avantages de la mobilité professionnelle leur ouvre les yeux sur la grandeur du pays et la réalité des communautés de langue française qui les entourent tout en travaillant à soutenir la vitalité de ces communautés à travers le pays. Le fait de garder des étudiant·e·s d’expression française au Canada plutôt qu’à l’international permet de renforcir notre économie locale et en français, à renforcer leur identité et leur sentiment d’appartenance à la francophonie canadienne et leur faire découvrir une nouvelle communauté francophone.

3.       L’apprentissage et la création de nouveaux savoirs en français

L’accès universel à l’éducation francophone semble peut-être facilement accessible au Québec, mais ce n’est pas la même réalité au niveau pancanadien. Lors du Panel du 2 juin dernier : « Ma langue, ma culture! Rencontre avec de jeunes leaders », Ahdithya Visweswaran, co-animateur du balado Les franco-oublié.e.s et jeune franco-albertain mentionne lors de l’entretien que dans sa réalité albertaine : «… l’accès à l’éducation francophone n’est pas un droit mais un privilège. L’on peut nous l’arracher facilement. Si on m’enlève le droit à l’éducation en français, on m’enlève mon identité », en faisant référence aux coupures fréquentes faites dans les programmes et les institutions postsecondaires francophones canadien.ne.s.

Le gouvernement du Québec, en tant que leader de la francophonie canadienne, se doit d’être un modèle pour les communautés francophones en contexte minoritaire, en apportant son soutien aux collectivités qui sont victimes de coupures touchant les droits des jeunes d’expression française au pays, mais également en intégrant l’histoire des communautés francophones au pays dans les programmes éducatifs, à tous les niveaux d’études.

Les jeunes sont unanimes sur ce point, il est essentiel de faire connaitre les communautés francophones en contexte minoritaire à la jeunesse québécoise en intégrant leur histoire dans le curriculum scolaire québécois, et ce dès le primaire. Les jeunes doivent être sensibilisé.e,s au fait qu’il y a des francophones partout au Canada. L’histoire de ces collectivités doit être enseignée aux jeunes québécois.e.s, afin de les sensibiliser aux réalités et aux combats quotidiens des jeunes d’expression française.

Dès le primaire, des échanges scolaires entre le Québec et les autres provinces/territoires du Canada devraient être mis en place, tant en virtuel qu’en présentiel, lorsque c’est possible. On doit miser davantage sur des programmes immersifs, comme les programmes de langues officielles dont le programme Explore, afin de permettre aux futur.e.s apprenant.e.s de la langue française de s’immerger dans notre langue et notre culture. Toutes les communautés francophones canadiennes doivent s’ouvrir pour accueillir de futurs alliés de la langue française et jeunes d’expression française pour leur faire part de leur réalité et s’apporter le plus d’alliés. Des opportunités d’échanges scolaires entre les écoles francophones ou d’immersion française au niveau pancanadien doivent être possibles pour permettre des expériences formatrices et culturelles aux jeunes d’expression française.

Les échanges scolaires internationaux sont très encouragés au Québec et la province y investit d’importantes sommes. Ces initiatives sont très formatrices et précieuses pour les jeunes. Comme le mentionne le mémoire de la FCFA sur le rapprochement entre le Québec et les francophonies canadiennes, que de minimes sommes sont pourtant investies de la part du gouvernement du Québec pour favoriser les échanges avec les communautés de la francophonie canadienne et de l’Acadie, ou encore pour permettre aux jeunes des communautés francophones en situation minoritaire de se déplacer en territoire québecois.

Il est donc souhaité que des sommes similaires à celles consacrés aux échanges internationaux soient investies au Canada afin de permettre de favoriser les échanges entre nos différentes institutions francophones. Dans l’objectif de permettre les échanges et la mobilité des étudiant.e.s, la reconnaissance des acquis entre les programmes éducatifs des provinces et territoires doit également être facilitée.

4.       Grandir, vivre, communiquer, s’informer et s’épanouir en français

Pour voir à la pérennité d’une langue et des cultures qui y sont rattachées, il faut la vivre, la parler quotidiennement. Les médias au niveau pancanadien doivent diffuser du contenu sur les différents enjeux interprovinciaux et territoriaux afin que tou.te.s aient conscience des dures réalités quotidiennes de leurs « cousin.e.s francophones ». Cette prise de conscience permettrait de mieux comprendre les enjeux, leur venir en appui et les soutenir lorsque leurs acquis et le développement de leur culture francophone est menacée.  

Les médias du Québec doivent partager dans leur contenu des nouvelles d’actualité provenant des communautés de langue officielles en situation minoritaire. Les jeunes d’expression française souhaitent se voir et s’entendre, pour se reconnaître dans les médias canadiens et pour normaliser les divers accents francophones du Canada afin d’ouvrir l’oreille et l’esprit des jeunes Québécois.e.s sur les dialectes et les réalités qu’ils et elles vivent quotidiennement. Le gouvernement du Québec pourrait notamment s’inspirer des pistes de solutions proposées par la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique[1], qui a été rédigée par de nombreux acteurs de la francophonie canadienne et qui a comme objectif que tous et toutes puissent s’exprimer en français avec confiance, résilience et fierté, uni.e.s par leur langue, ce qui est également un objectif du Sommet du rapprochement des francophonies.

Il ne manque pas de contenu francophone au Canada, mais le Québec a sans aucun doute un rôle à jouer pour favoriser la découvrabilité de ce contenu auprès de sa population. Nous devons utiliser les technologies pour nous rapprocher en tant que locuteurs et locutrices francophones et « oublier notre complexe bizarre sur les accents, qui n’est pas présent dans les autres langues, il faut vraiment qu’on s’ouvre là-dessus. » – Dj Unpier – auteur-compositeur franco-ontarien.

La création de nouvelles ententes entre les différentes communautés francophones au niveau pancanadien permettrait notamment aux jeunes d’expression française de tisser davantage de liens entre eux et de sentir moins isolé.e.s dans cet océan anglophone. Tisser ces nouveaux liens est également un moyen de renforcer leur identité de jeunes canadien.ne.s d’expression française. Se sentir moins seul aide à redonner confiance aux jeunes tout en les encourageant à s’exprimer quotidiennement en français.

« Le français me définit beaucoup, c’est la première chose qui me vient en tête quand qu’on me demande qui je suis. »

Ariane Freynet-Gagné, lors du panel pré-Sommet « Ma langue, ma culture! Rencontre avec de jeunes leaders »

Finalement, depuis de nombreuses années déjà, les jeunes d’expression française qui forment la FJCF souhaitent ardemment un rapprochement avec les jeunes du Québec. Bien que la FJCF fasse des efforts continus pour inclure et accueillir les jeunes du Québec, entre autres par l’entremise de nos nombreuses activités jeunesse pancanadiennes, le Québec ne possède toujours pas d’instance « Par et Pour » les jeunes Québécois.e.s représentant officiellement toute la jeunesse de la tranche d’âge de 14 à 25 ans avec qui nous pourrions développer un partenariat solide et pérenne, solidifiant ainsi le rapprochement de la jeunesse de toutes les francophonies au pays.

[1] snsl.ca

CONTACT
Josée VAILLANCOURT | Directrice générale
Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)
450, rue Rideau, bureau 403 Ottawa (ON) K1N 5Z4
1.800.267.5173 p. 229 | FJCF.ca | josee@fjcf.ca

 

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