La Francophonie : pourquoi? et pour quoi faire?

J’ai assisté il y a quelques semaines à une présentation du Centre d’études en politiques internationales (CÉPI) et de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa intitulée « La francophonie : pourquoi? Et pour quoi faire? ». Les organisateurs avaient invité Clément Duhaime de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à présenter aux invités présents un bref portrait de la francophonie dans le monde, des tangentes qu’elle prend ainsi que la pertinence de continuer à déployer des efforts pour la préserver.

Qui est Clément Duhaime?

Clément Duhaime

Fort d’une carrière de plus de 25 ans dans le monde de la francophonie, l’impressionnant parcours de M. Duhaime a mené le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, à le nommer administrateur de l’OIF pour l’épauler dans ses actions internationales. Le Canadien, qui dit venir d’un pays où le français « ne sera jamais gagné et sera toujours une vigilance de tous les instants », occupe aujourd’hui une place de choix auprès des décideurs mondiaux qui ont entre les mains l’avenir de notre belle langue.

L’OIF, une institution jeune, originale et unique

Bien que la présentation de M. Duhaime se soit avérée être principalement un survol des activités de l’OIF, les propos tenus devant les participants, dont plusieurs ambassadeurs et autres invités d’importance, ont été forts utiles pour me permettre de mieux comprendre les dynamiques linguistiques qui relient les Canadiens à l’ensemble de la francophonie mondiale et l’importance de les protéger.

Le discours de M. Duhaime fut introduit par la Chancelière de l’Université d’Ottawa et 27e gouverneur général du Canada, Michaëlle Jean. Cette dernière en a profité pour souligner l’importance de l’OIF qu’elle a pu mesurer, dit-elle, dans le cadre de sa mission de « Grand témoin de la francophonie » aux Jeux olympiques et paralympiques de Londres. Elle aurait alors pu constater l’impact très positif de l’attitude proactive de l’OIF à l’égard de la promotion du français, l’une des deux langues de l’olympisme.

Née en 1970, l’OIF est constituée de 77 pays membres et observateurs, dont 42 qui n’ont pas le français comme langue officielle et 24 pays qui se retrouvent parmi les pays moins avancés du monde. Selon M. Duhaime, cette composition unique est une chance incroyable de créer des réseaux d’ambassadeurs qui constituent à leur tour un levier mobilisateur devant des institutions telles que l’ONU ou l’Union européenne.

 

Quatre axes stratégiques

L’OIF a présenté un plan d’action stratégique axé sur les résultats pour la francophonie en 2005, dont voici les quatre axes qui la composent et quelques exemples d’actions qui s’y rapportent :

  1. Démocratie des droits de l’homme et la paix
    Renforcer les organisations régionales pour coopérer au maintien de la paix. On souligne que malheureusement, la majorité des opérations de maintien de la paix ont lieu dans des pays francophones.
  2. Éducation et recherche
    Utiliser les statistiques déjà collectées au sujet de la francophonie et de sa progression de façon à leur permettre de mieux agir pour protéger français.
  3. Langue française, diversité linguistique et culturelle
    Entre autres actions, réunir quelque 2000 jeunes d’expression française et les encourager à partager leurs préoccupations, suggestions et commentaires face à l’avenir du français lors du Forum mondial de la langue française.
  4. Développement durable et la solidarité
    Accompagner les États, les réunir et partager ensemble les bonnes pratiques et ainsi créer des guides de négociation pour les pays moins développés et renforcer leur capacité de négociation commerciale. L’OIF permet à ses membres de partager et de défendre leurs intérêts.

Trois axes transversaux

Les trois axes transversaux qui guident l’orientation des axes stratégiques de l’organisme sont la jeunesse, l’égalité entre les hommes et les femmes, et le numérique. Bien entendu, j’ai été particulièrement intéressée à entendre l’administrateur de l’OIF parler des efforts déployés dans l’intérêt des jeunes francophones du monde.

La population de la grande majorité des États membres de l’OIF est composée d’environ 60% à 75% de jeunes de moins de 25 ans. Il va sans dire que pour l’organisme et pour son avenir, c’est un enjeu majeur. C’est pourquoi il prévoit soumettre une politique jeunesse au ministre des Affaires étrangères vers la fin de l’année.

« Nous considérons qu’il nous faut aller plus loin, avec les jeunes et pour les jeunes», estime M. Duhaime. J’ai bien hâte de prendre connaissance de ce document et de l’examiner pour voir s’il y a des ponts intéressants à faire avec la mission et les objectifs de la FJCF et de ses membres.

Enjeux

Selon l’OIF, le français est menacé et recule au sein de plusieurs institutions d’importance dont les Nations Unies, l’Union européenne et les Jeux olympiques. Selon l’administrateur, il faut davantage se pencher sur une stratégie de « langue partagée ».

« Le français n’est plus en combat contre autres langues, mais dans une alliance stratégique avec les autres langues », explique-t-il. « C’est ça la force du français aujourd’hui. C’est de dire ‘Je ne veux pas que tout le monde parle français. Je veux que le monde reste dans sa diversité. Je veux que l’autre apprenne deux, trois langues’. Parce que c’est ça le monde de demain. »

L’administrateur a d’ailleurs avoué se réjouir de la solidarité qu’il peut observer au quotidien entre les francophones du monde « grâce à la facilité que nous avons de pouvoir communiquer si différemment dans une langue, dans la même langue. »

Résumé

Somme toutes, cette conférence m’a donné l’impression que nous pouvons nous permettre d’être confiants face à l’avenir de la francophonie qui est, comme le mentionnait Mme Jean dans son discours, « un cœur qui bat avec vigueur. » Il suffit de laisser évoluer la langue et de s’engager à prendre les mesures nécessaires pour qu’elle se réinvente pour survivre et rayonner sur les générations à venir.

Pour regarder l’intégrale de la présentation de M. Duhaime, http://cepi.uottawa.ca/event/la-francophonie-pourquoi-et-pour-quoi-faire-2/


Nadia Gervais,
Responsable des communications de la FJCF

La photo et l’image sont une courtoisie du site Web de l’OIF (www.francophonie.org)

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